Vente B2B2C : Définition, fonctionnement et enjeux pour les marques distribuées

Comprendre le modèle B2B2C : fonctionnement, enjeux et spécificités

Margot Bonhomme
30 avril 2025 - 7 min de lecture

Le modèle B2B2C est devenu incontournable pour de nombreuses marques industrielles. Il s’est imposé dans les circuits de distribution physique – GMS, GSS, CHR, RHF, pharmacie – comme un levier stratégique de croissance. Pourtant, il reste encore peu maîtrisé dans ses implications concrètes par les équipes commerciales.

Dans cet article, nous décryptons ce qu’est réellement le B2B2C, ses spécificités, ses avantages comme ses limites, et ce qu’il implique en matière de pilotage commercial terrain.

Le modèle B2B2C : une hybridation entre B2B et B2C

Une stratégie commerciale en deux temps

Le B2B2C (Business-to-Business-to-Consumer) repose sur une chaîne à deux niveaux : une marque (fabricant ou industriel) vend ses produits à un distributeur ou revendeur (B2B), qui les propose ensuite au client final (B2C).

Contrairement au B2B, où la relation s’arrête entre deux entreprises, et au B2C, où la marque s’adresse directement au consommateur, le B2B2C cherche à conjuguer les avantages des deux modèles : s’appuyer sur un partenaire pour distribuer, tout en gardant une forme de contrôle sur la relation avec l’utilisateur final.

Un modèle en forte expansion

Ce modèle est massivement adopté dans l’agroalimentaire, la grande consommation, le bricolage, la pharmacie ou la restauration. Selon Nielsen, près de 70 % des industriels opérant dans les circuits physiques utilisent aujourd’hui une stratégie B2B2C. Et selon Kantar, 60 % des consommateurs français achètent régulièrement des produits via des circuits où la marque n’est pas le vendeur direct.

Les réseaux de distribution concernés

Le modèle B2B2C implique que la marque ne vend pas directement au consommateur final, mais passe par un intermédiaire – distributeur, point de vente ou plateforme – pour toucher sa cible. Voici les principaux circuits concernés par ce modèle.

GMS et GSS

Les grandes et moyennes surfaces (GMS) comme Carrefour, Intermarché ou Leclerc, ainsi que les grandes surfaces spécialisées (GSS) telles que Leroy Merlin ou Castorama, sont des piliers historiques du modèle B2B2C.

Les marques y sont référencées à travers des accords commerciaux avec les centrales ou les enseignes, mais elles ne contrôlent pas directement l'expérience d'achat sur le terrain. Elles doivent donc piloter leur activité en magasin via une force de vente dédiée, souvent composée de chefs de secteur, qui doivent gérer leur visibilité, leur exécution promotionnelle, et leur présence en rayon de manière indirecte.

L’enjeu est double :

  • Assurer une visibilité optimale en rayon (facing, emplacement, nombre de références disponibles).
  • Garantir une exécution parfaite des opérations commerciales, en veillant à ce que les promotions soient mises en place correctement et dans les délais.

Cela suppose un suivi régulier sur le terrain, souvent réalisé via des visites en point de vente et des relevés d’informations.

CHR et RHF

Le circuit des cafés, hôtels, restaurants (CHR) et celui de la restauration hors foyer (RHF) repose sur un modèle indirect encore plus marqué. Les fournisseurs de boissons, de produits frais ou surgelés ne traitent généralement pas en direct avec les établissements finaux. Ils passent par des distributeurs ou des grossistes spécialisés.

Dans ce contexte, la performance commerciale ne dépend pas seulement du produit :

  • Elle repose fortement sur la relation de proximité avec les gérants, souvent construite au fil des visites terrain.
  • La disponibilité produit, la réactivité en cas de rupture, et l’animation commerciale locale (mise en avant, dégustation, offre spéciale) jouent un rôle clé.

Les marques doivent donc mobiliser des équipes de vente capables de visiter régulièrement les établissements, d’assurer un bon niveau de service et de faire vivre la marque sur le terrain.

Pharmacie et parapharmacie

Les laboratoires pharmaceutiques et les marques de santé ou de bien-être s’adressent à des pharmacies et parapharmacies, qui peuvent être indépendantes ou affiliées à des groupements (Pharmabest, Giphar, etc.).

Dans ce réseau également, la marque n’a pas de lien direct avec l’acheteur final, et souvent pas non plus avec le pharmacien sur le plan transactionnel. Pourtant, la performance en point de vente dépend de nombreux leviers :

  • La formation des équipes officinales, pour qu’elles soient capables de recommander les bons produits.
  • La visibilité des produits (présentoirs, affichage, mise en avant).
  • La qualité des supports marketing et des argumentaires fournis aux professionnels de santé.

Une présence régulière en officine par des visiteurs médicaux ou des délégués commerciaux permet de construire une relation de confiance et de mieux valoriser l’offre.

Marketplaces et plateformes e-commerce

Les marketplaces (Amazon, Cdiscount, Fnac.com…) représentent une version digitale du modèle B2B2C. La marque ne vend pas directement à l’acheteur, mais utilise une plateforme intermédiaire pour toucher ses clients.

Même si la transaction est numérique, les enjeux sont proches de ceux du retail physique :

  • La qualité de la fiche produit (images, descriptif, argumentaire) est décisive pour déclencher l’achat.
  • La gestion des avis clients et la réactivité du service après-vente influencent la perception de la marque.
  • Sur certaines plateformes, la marque doit aussi gérer la logistique, les retours, voire le support client.

Cela nécessite une organisation spécifique, souvent en lien avec des prestataires e-commerce ou une équipe marketing digitale dédiée.

Les avantages du B2B2C

Le modèle B2B2C (Business to Business to Consumer) présente plusieurs avantages pour une marque qui souhaite toucher efficacement ses clients finaux, sans forcément gérer l’ensemble du cycle de vente en direct.

Une force de distribution démultipliée

Le principal intérêt du B2B2C est d’utiliser la puissance commerciale et logistique d’un distributeur pour accéder à un grand volume de clients. Ce levier est particulièrement efficace pour le déploiement géographique à grande échelle. Être présent dans un réseau comme E.Leclerc, permet de toucher des millions de consommateurs sans devoir gérer chaque point de contact en direct.

Une réduction des coûts structurels

En externalisant partiellement la logistique, le stockage, voire la vente, la marque limite ses coûts fixes. Elle peut se concentrer sur la stratégie, le produit, le marketing et le pilotage.

Une possibilité d’influencer l’expérience client

Même si la marque ne vend pas directement, elle peut travailler sa visibilité en point de vente, former les vendeurs, ou mettre en place des animations. Elle conserve ainsi une influence sur la perception du consommateur.

Une meilleure crédibilité auprès du consommateur

Être référencé dans des enseignes reconnues (GMS, pharmacies, plateformes e-commerce de renom) apporte de la légitimité. Le consommateur a davantage confiance dans une marque visible dans ses circuits d’achat habituels.

Par exemple, une marque présente dans un rayon de pharmacie bénéficie d’un effet de réassurance, lié au sérieux perçu de l’environnement de vente.

Une présence terrain modulable et ciblée

Le B2B2C permet d’adapter sa stratégie commerciale selon les priorités locales : une marque peut concentrer ses efforts (visites, promotions, animations) sur certains points de vente ou territoires, sans avoir à tout gérer en direct.

Cela offre plus de flexibilité pour tester des marchés, lancer des nouveautés ou corriger des écarts de performance.

Les limites du B2B2C

Un accès limité aux données

L’un des principaux défis est la perte d’accès à la donnée client finale. La transaction appartient au distributeur. La marque ne connaît ni le comportement d’achat détaillé, ni les retours directs du consommateur, à moins de développer ses propres canaux de collecte (CRM, campagnes terrain, remontées commerciales…).

Seulement la GSS et GMS permettent de connaître les dépenses payées par les consommateurs finaux, via les sorties de caisse, mais ces dernières restent dures à obtenir et à analyser.

Une complexité opérationnelle

Chaque réseau, chaque enseigne, chaque point de vente peut avoir ses propres règles. Cela implique de gérer des centaines, voire des milliers de relations commerciales différentes. L’homogénéité est difficile à maintenir, surtout si l’information circule mal entre les équipes.

Une exécution partagée, donc difficile à contrôler

Le distributeur gère la vente, la mise en rayon, le pricing, le merchandising. La marque n’est donc pas maîtresse de la présentation de ses produits, ni des conditions de vente, ni parfois même du discours commercial. Or, la performance de la marque dépend souvent de la bonne exécution sur ces points. C’est donc aux équipes terrain d’observer, corriger, et remonter les écarts.

Une dépendance vis-à-vis des distributeurs

Le succès de la marque repose en partie sur la volonté du distributeur de la promouvoir. Or, les priorités commerciales des distributeurs peuvent changer, et la marque peut perdre en visibilité ou en part de marché sans pouvoir agir rapidement. Par exemple, une tête de gondole retirée, un référencement suspendu ou un changement de conditions commerciales peut impacter directement les ventes.

Une complexité dans la coordination des canaux

Dans un modèle B2B2C multi-circuits (GMS, pharmacies, CHR, e-commerce…), chaque canal a ses propres codes, contraintes et saisonnalités. Il faut donc adapter les approches, les argumentaires, les prix… ce qui peut devenir coûteux ou difficile à piloter sans outils adaptés.

Il y a donc un risque de manque de cohérence entre les circuits ou une dispersion des ressources commerciales.

Avantages et inconvénients de la vente en B2B2C
✅ Avantages ❌ Inconvénients
Large couverture géographique grâce aux réseaux de distribution existants Perte de contrôle sur l’expérience client en point de vente ou en ligne
Logistique et gestion des ventes déléguées aux distributeurs Dépendance aux distributeurs pour la visibilité et le référencement produit
Crédibilité renforcée en étant associé à des enseignes reconnues Accès limité aux données consommateurs
Flexibilité dans l’animation commerciale locale Difficulté à garantir une exécution parfaite des opérations terrain
Possibilité de créer une relation directe via des outils digitaux Complexité de coordination entre plusieurs canaux avec des logiques différentes

Les leviers clés pour réussir une stratégie B2B2C

Une force de vente terrain structurée géographiquement

Dans un modèle B2B2C, les commerciaux jouent un rôle décisif. Ils visitent les points de vente, assurent la présence des produits, vérifient les conditions de mise en avant, échangent avec les responsables de rayon ou les gérants.

Cette force de vente doit être bien segmentée par territoire, équipée d’outils efficaces, et pilotée selon des objectifs clairs.

Une coordination fluide entre siège et terrain

Les décisions prises au siège (objectifs, priorités, actions marketing) doivent être déployées efficacement sur le terrain. Cela suppose une circulation fluide des informations, un pilotage via des données unifiées, et une logique de boucle continue entre stratégie et exécution.

Une maîtrise rigoureuse de la donnée

Le B2B2C génère des flux d’informations complexes : données commerciales, données marketing, retours terrain, statistiques de vente indirectes. Il est essentiel de structurer ces flux, de fiabiliser les remontées, et de croiser les sources.

Une stratégie data efficace ne repose pas uniquement sur les outils. Elle suppose aussi des processus clairs, une implication des équipes, et une culture de la donnée partagée.

Un positionnement marque clair et différenciant

Dans un modèle où la marque ne contrôle pas entièrement l’expérience d’achat, il est essentiel qu’elle soit identifiable et reconnaissable, quel que soit le point de contact. Pour cela, travaillez votre marketing mix.

Un positionnement clair, une charte visuelle cohérente et une proposition de valeur forte facilitent la mémorisation de la marque par les consommateurs… et sa recommandation par les distributeurs.

Des supports d’aide à la vente impactants

Les équipes commerciales et les intermédiaires ont besoin d’outils concrets pour valoriser les produits : fiches argumentaires, présentoirs, visuels, éléments de langage, PLV, échantillons.

Des supports bien conçus facilitent la mise en avant, l’appropriation du discours marque, et renforcent l’impact commercial en point de vente.

Une animation commerciale locale adaptée au circuit

Le B2B2C nécessite des actions ciblées, pensées pour les spécificités de chaque réseau. Dégustations en CHR, promotions en GMS, incentives pour les préparateurs de commande en e-commerce…

Adapter ses actions au contexte local permet de créer une dynamique terrain et d’augmenter significativement l’engagement autour de la marque.

Un suivi régulier de la performance indirecte

La vente ne se faisant pas en direct, il est nécessaire de suivre des indicateurs spécifiques : présence produit, nombre de visites terrain, part de linéaire, remontées distributeurs, exécution promotionnelle, etc.

Ces indicateurs permettent de piloter les actions, d’ajuster les priorités, et d’identifier rapidement les leviers de croissance ou les zones de fragilité.

Pourquoi le B2B2C est un enjeu prioritaire pour les directions commerciales

Le modèle B2B2C impose de piloter une performance commerciale sans avoir la main directe sur tous les leviers. Cela suppose une organisation rigoureuse, une capacité à intervenir localement, et une bonne lecture des signaux faibles.

Le terrain devient un lieu stratégique d’observation, de détection et d’action. Et la donnée terrain – si elle est bien collectée et exploitée – devient un avantage concurrentiel fort.

Sans outils structurés ni logique collaborative, le modèle B2B2C peut devenir source de frustration, d’erreurs, ou de perte d’efficacité. C’est pourquoi il fait aujourd’hui partie des priorités de transformation des équipes commerciales, notamment dans les secteurs à réseau dense.

Le B2B2C n’est pas un simple modèle de distribution : c’est une stratégie complète qui structure la manière dont une marque va exister sur le marché. Son efficacité dépend de la coordination entre tous les acteurs de la chaîne, de la qualité des données partagées, et de la capacité à exécuter localement une stratégie pensée globalement.

Dans ce modèle exigeant, les directions commerciales ont un rôle central à jouer. Structurer les équipes, organiser la donnée, fluidifier les process, piloter avec rigueur. Autant de leviers pour faire du B2B2C un avantage durable, et non une contrainte complexe.

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